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[Review] Batman White Knight

 
Not' note
 
 
 
 
 


Vos notes
64 votants

 

Point(s) fort(s) :


L'écriture de Harley Quinn
Des dessins somptueux
Des scènes d'action excellentes
Un postulat de départ passionnant...

Point(s) faible(s) :


Mais très vite évacué
L'écriture des personnages secondaires et de Batman


 
En résumé
 

White Knight est un bon récit mais pour moi, il n’atteint pas l’excellence que j’aurais voulu. Son potentiel n’est jamais réalisé et l’auteur ne fait rien de ses idées liées à la responsabilité. Reste un récit très efficace, porté par une Harley Quinn au diapason et une partie graphique qui claque sévèrement.

 
Infos techniques
 

Dessin : Sean Gordon Murphy
Couleur : Matt Hollingsworth
Editeur :
 
Editeur VO :
 
Publié 26 octobre 2018 par

 
Dans le détail...
 
 

Chevalier blanc et blanc chevalier

Dire que ce tome 1 de Batman White Knight est attendu relèverait d’un euphémisme teinté de naïveté. Fruit d’un artiste star, adulé par beaucoup (Ben, tu es visé), il allait permettre à Sean Gordon Murphy de donner son point de vue sur Batman, un tout petit personnage pas bien connu du grand public !

Disons le tout net, j’ai été en partie déçu par le récit. Donc ça, c’est le moment où vous allez avoir envie de me décoller la tête mais lisez un peu la suite.

Je pense que vous le savez maintenant, je suis le genre de lecteur qui pense que tout est politique et que, peu importe ce que l’on tente de faire, un message se cachera toujours quelque part dans une œuvre. Et comme je suis casse-pieds, j’aime bien quand un auteur va au bout de ses idées. Et c’est bien tout le problème que j’ai avec le récit !

Sean G. Murphy, en transformant le Joker en une icône repentie, Jack Napier a une idée géniale. Elle permet de réfléchir à la responsabilité des super-héros ainsi qu’à celle des vilains face à leurs propres actes. C’est une thématique qui devient récurrente, comme le montre Civil War II et la série Champions mais qui est toujours traitée de façon un peu légère. Ici, l’auteur avait un boulevard devant lui. Problème : il n’en fait rien du tout. Tout le questionnement reste en surface, pire, il va être évacué à un moment. Ce qui n’est peut-être pas plus mal.

Un artiste frileux dans son propos.

L’explication assez simple est la frilosité de Sean G. Murphy face à ce sujet. Il l’avait annoncé quelques temps avant la sortie du numéro, le contenu ne serait pas politique. Là où ça se corse selon moi, c’est que faire d’un psychopathe, un repenti est une idée brillante. Même si elle utilise un stratagème scénaristique usé jusqu’à la corde. Mais il faut savoir interroger le comportement psychopathe qu’il a eu pendant toutes ces années.

Le raisonnement de l’auteur est de dire que la responsabilité est à imputer uniquement à Batman, sans réfléchir au déséquilibre mental du Joker et à ses propres responsabilités. C’est légèrement problématique car si je suis convaincu que chacun a le droit au repenti et que la violence ne fait qu’engendrer plus de violence (#naïf), affilier le Joker à un soutien populaire issu de mouvements très ancrés et marqués dans l’actualité donne le sentiment d’une volonté politique pas tout à fait affirmée ni maîtrisée. Que l’ancien méchant soit dans une posture populaire aurait pu donner une idéologie très pertinente à la fin dans l’œuvre.

En effet, cela aurait pu montrer que la violence ne résout jamais rien et que le justicier n’est certainement qu’un des éléments qui perpétue cette violence. Alors, certes Jack sera présenté comme quelqu’un de pas très net, utilisant les autres à son avantage. Le problème, c’est que c’est très superficiel et ça ne semble là que pour donner un récit finalement classique de super-héros et classique dans son discours sur la relation entre les deux ennemis.

Des références partout, la réflexion nulle part.

Mais Sean G. Murphy ne fait rien de tout cela, il ne fait qu’utiliser des référentiels qui, pour des personnes qui ne sont pas au fait de leur origine, n’auront pas d’intérêt. Mais ceux qui savent d’où cela provient seront gênés par cette utilisation un brin inutile et gratuite. Et c’est mon cas. Alors, vous pourrez vous dire que j’en fais trop et vous reporter aux autres avis. Mais, je ne supporte pas quand une idée n’est pas menée jusqu’à son terme et c’est ce que l’artiste fait, ici.

Ce qui est dommage parce que l’idée de l’auteur est, encore une fois excellente mais elle est ratée dans son exécution. Le White Knight du titre existe véritablement dans l’intrigue, le problème, c’est que j’aurais aimé que le récit fasse encore plus le focus. Montrer que lorsque deux adversaires s’opposent et s’affrontent sans mesurer leurs erreurs et sans prendre leurs responsabilités, quelqu’un d’autre doit intervenir. Malheureusement, le récit se veut tellement all-star en rassemblant un méga casting qu’il se disperse et s’élude, réduisant son rythme et quelque peu l’intérêt. Beaucoup de séquences sont trop bavardes pendant les cinq premiers chapitres. Beaucoup d’hommages veulent être rendus, le plus évident étant à Frank Miller. Le récit se noie dans son ambition et a du mal à rester pertinent dans son propos pour finir par l’écarter.

Mais des qualités intéressantes.

Pourtant, malgré la tonne de sel que je viens de déverser, le récit regorge de qualités. Déjà parce qu’il offre à Harley Quinn l’une des meilleures écritures dont le personnage ait pu bénéficier depuis… toujours ? C’est bien simple, le personnage sort totalement de son rôle et devient un individu à part entière, véritable moteur d’un récit qu’elle va mener par le bout de son nez. Sa relation avec Jack Napier/Joker retrouve un véritable intérêt et Sean Gordon Murphy se permet de tacler son éditeur dans un twist brillant.

Je n’en dirai pas autant de l’écriture des autres personnages, assez paresseuses. Batman est pénible et Dick Grayson qui n’a que très peu d’intérêt. Quant à Batgirl, elle est traitée de façon superficielle au début, ce qui ne l’aide pas à être mise en valeur, mais la fin du récit lui donne un plus grand rôle dans l’intrigue et prouve que l’auteur peut mener ses idées à son terme. Elle devient un équivalent à Harley dans le camp de Batman. Comme si Murphy nous précisait que seuls les personnages féminins réfléchissent.

Un trait commun mais une DA superbe

Mais là où on attend tous l’artiste, c’est sur la partie graphique. Et là, la direction artistique de l’univers de Batman White Knight est impeccable. L’artiste n’a pas son pareil pour créer des univers gothiques somptueux et impressionnants et son sens du design des véhicules ainsi que sa maîtrise des courses-poursuites me collent toujours des frissons. Son trait s’est assagi mais il y gagne en représentation du mouvement, de la gestuelle, etc. L’action est au rendez-vous et si le discours politique est évacué, l’intrigue monte crescendo pour arriver à un final dantesque et véritablement excellentissime. On sent que l’artiste se fait plaisir et prend du plaisir à nous livrer une histoire all-star où il peut mixer tout ce qu’il aime dans le Bat-verse.

Car c’est quand l’auteur abandonne toute idée de développement de son propos que le récit devient intéressant. Les grosses scènes d’action sont là, il y a plein de détails, le style énergique de Sean Gordon Murphy fait des merveilles. De ce côté, c’est très clairement une réussite et j’ai pris mon pied quand j’ai compris qu’il ne fallait que je n’attende rien du récit. Si on le prend comme un récit sur la relation entre Batman et Joker, il est raté. Si on le prend comme un récit sur Harley Quinn et Batgirl, il est à peu près réussi et si on le prend comme un récit d’action, c’est clairement bon. Oui mais voilà, le comics veut être ces trois récits et plus encore…

Bref, Batman White Knight Tome 1 est un bon récit mais pour moi, il n’atteint pas l’excellence que j’aurais voulu. Son potentiel politique qui crève les yeux n’est jamais réalisé et l’auteur ne fait rien de ses idées liées à la responsabilité des héros et des vilains. Reste un récit efficace, portée par une Harley Quinn au diapason et une partie graphique qui claque sévèrement.

La note de Comics Grincheux :

 

L’avis de Dram00n :

Etant particulièrement fan de Sean Murphy dessinateur comme de Sean Murphy scénariste, il va sans dire que j’étais impatient depuis l’annonce de son arrivée sur un titre Batman. Sans être trop originale, l’idée d’avoir un Joker redevenu normal, et souhaitant défendre Gotham après l’avoir utilisée comme terrain de jeu pendant des années, me donnait envie de me plonger dans le récit. Sans être une idée forcément très originale, c’était une idée avec du potentiel.

Un récit intéressant dans ses thèmes

Aux premiers abords, le récit ne présente rien de bien novateur. Une énième course-poursuite entre Batman, ses acolytes et le Joker. Sauf qu’on voit ici un Batman plus froid, moins humain, au point de craquer et de tabasser le Joker et de le contraindre à avaler des pilules qui ont pour but de le faire redevenir normal. Ce n’est pas la première fois que l’on voit Batman craquer et au bord de dépasser sa règle la plus importante, sauf que dans notre cas, toute cette scène s’est déroulée devant les yeux stupéfaits de Nightwing, Batgirl, le GCPD mais surtout, étant filmé, devant toute la ville de Gotham. Jack Napier, notre Joker revenu à la raison, va donc mener son combat non contre Batman mais contre son impact sur la ville de Gotham, il sera le White Knight de Gotham.

Sans entrer plus profondément dans un discours social (combat médiatique, pauvreté à Gotham,…), ce qui est fort regrettable, Sean Murphy pose tout de même certaines questions très intéressantes comme l’égoïsme de Batman à partager ses gadgets avec la police afin de la rendre plus efficace. On fait donc face à un combat inverse entre un Jack Napier, qui semble innocent de tout crime, accusateur et d’un Batman devant se justifier. C’est sans doute l’un des points qui m’a dérangé dans ce titre, remettre les divers crimes (meurtres, braquage,…) sur la faute d’une personnalité et non d’un individu. Accepter Jack Napier comme White Knight, alors qu’à mes yeux il reste le coupable des atrocités du Joker, minimise l’intensité et la crédibilité du personnage.

Jack et Harley, les meilleurs

Pour autant, j’ai passé un très bon moment lors de la lecture. Rythmé, divertissant, l’envie de tourner chaque page était présente. Un gros point fort est le traitement de la relation entre Harley et Jack. Harley est un personnage que j’affectionne particulièrement mais j’ai souvent été très déçu de la manière dont elle est utilisée. Ces dernières années, la plupart des auteurs ont tendance à oublier que la protégée de Paul Dini est une psychiatre émérite avant d’être une simple folle-dingue comme on peut la voir aujourd’hui. Dans ce Batman White Knight, j’ai retrouvé la Harley que j’aime, une Harley intelligente, amoureuse de cet homme pour lequel elle a tout sacrifié mais consciente de ce qu’il est devenu.

Un facteur important dans mon appréciation est sans doute la période actuelle de Batman Rebirth par Tom King. Je m’explique, je ne suis pas emballé par le travail de ce dernier sur le Chevalier Noir. Pour un auteur qui se voulait novateur dans son run, je ne retrouve aucune prise de risques et j’ai le sentiment de voir un festival d’occasions gâchées de donner un nouvel élan à ce héros que j’affectionne particulièrement. Pour Batman White Knight, mon attente, par rapport à ce que j’ai pu lire en amont du titre, était l’histoire d’un Joker repenti qui va se battre pour faire réaliser à Gotham que Batman n’est pas un saint, et c’est ce que j’ai retrouvé dans ce récit. Certes le récit est prévisible, la conclusion en est le parfait exemple, mais j’ai eu réponse à mes attentes.

Des dessins classiques

Je ne me suis pas attardé sur la partie graphique, mais celle-ci est assez « classique ». On retrouve le trait si particulier, si dynamique de Sean Murphy. Les fans de ses dessins seront ravis et trouveront bonheur dans cette œuvre. Comme pour toutes ses œuvres, je reste admiratif de son travail sur le découpage et sur le placement des bulles. Malgré quelques scènes très bavardes, il trouve toujours une justesse dans le chemin naturel de l’œil à suivre l’action et les dialogues. Il excelle dans ce domaine.

Ce tome 1 de Batman White Knight a été une lecture intense, rythmée et intéressante pour moi. Malgré un récit qui est parfois prévisible, j’ai passé un très bon moment. Divertissant, sans prise de tête, cette lecture peut sembler être un pétard mouillé pour certains mais il répond à toutes mes attentes personnellement.

La note de Dram00n :

 

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4/5 Trés cool
3/5 Sympa
2/5 Sans plus
1/5 Bof
0/5 Pas pour moi

 
Comics Grinch râle beaucoup. Son origine vient de ses nombreuses grincheries envers BvS. Ayant gonflé sa petite amie avec ça, elle lui suggéra d'en parler avec d'autres. Ce fût chose faite. Vénère Grant Morrison, conchie Mark Millar.


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