Tank Girl : Action Alley

Monument de culture

ank Girl est une série représentant à elle seule un immense pan de la contre culture britannique. Véritable œuvre punk aussi engagée que libertaire, Tank Girl est née à la fin des années 80 en Angleterre, sous l’ère Thatcher. Souffle de liberté enragée, Tank Girl est une œuvre underground. Un fruit de son époque, qui a su traverser les années en gardant cette énergie endiablée et en se renouvelant constamment. Encore et toujours rafraîchissante, osée et unique, les premiers lecteurs sont toujours là. Quant aux nouveaux, ils ne se privent pas de découvrir une œuvre atypique, irrésistiblement attirante sur les étales de nos libraires favoris.

De retour dans une nouvelle série, notre tireuse d’élite est dessinée par le nouveau Brett Parson et profite de la scénarisation d’Alan Martin, son créateur chéri. Se la coulant douce avec son gang autour d’un barbecue festif à souhait, Tank Girl reçoit un message de sa mère (adoptive). Apprenant que celle-ci est sur le point de passer l’arme à gauche, Tank Girl emmène tout son crew dans leur nouveau tank pour la retrouver. Problème, ils font devoir traverser Action Alley, dangereux passage où de mystérieuses créatures sont tapies. De plus, un kangourou clandestin est à bord. Que le voyage commence.

Du rythme et du divertissement

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne sera pas de tout repos. En quatre chapitres, Tank Girl Action Alley à le pied constamment sur l’accélérateur. L’action ne s’arrête jamais, les rebondissements sont légions, les patates dans la gueule nombreuses. Une lecture aussi divertissante que délirante où la série garde sa patte anarchiste et son ton absurde. Vivant avec son temps, Tank Girl est toujours aussi féministe si ce n’est plus. Le casting féminin est terriblement badass et les punchlines s’enchaînent. La force de la série est là, on peut donc approuver un premier degré de lecture jouissif et régressif, et son second, actuel et frappant où ça fait mal. Monsanto n’a qu’à bien se tenir si vous voyez ce que je veux dire… Propos écolo pour prise de conscience, la lecture d’Action Alley aujourd’hui entre de plus en résonance avec le drame australien, malheureusement d’actualité.

Trip sous acide bienvenu, les pages se tournent rapidement. Tel une Mad Max au féminin, l’aventure est à feu et de sang. Mention spéciale à une traduction aux petits oignons, les dialogues sonnent toujours justes, l’humour fonctionnant à merveille. Les « bâtards » bien placés, bonne répartie donc. Pour illustrer l’aventure hallucinée de Martin, le petit nouveau Parson s’avère un choix judicieux. Frais et correspondant bien à l’esprit de la série, son trait est agréable et énergique. Le packaging Label 619 toujours aussi sympathique, superbe couverture, chouette papier, bon format, que demande le peuple.

Plaisir de lecture aussi régressif qu’engagé, Tank Girl Action Alley frappe juste et cogne fort. Une nouvelle série à feu et à sang, se savourant avec le nouveau titre de Gorillaz dans les oreilles et un thé très sucré à la main.