Posté 6 février 2019 par dans la catégorie Dossiers
 
 

Fresh Start Marvel : Retour sur dix ans de comics chez Marvel

 

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ébut février 2019 Panini Comics France va commencer à publier les comics de la nouvelle ère MARVEL. Son nom ? Fresh Start. Les anciennes équipes créatives vont laisser la place à de nouvelles et certaines étaient là depuis très longtemps. On peut citer Dan Slott qui met fin à un run qui aura duré 8 ans ou le départ de Brian Michael Bendis qui quitte MARVEL et la série Spider-Man (Ultimate puis Miles Morales) qu’il scénarisait depuis le tout début des années 2000. Une page se tourne donc et il est intéressant de regarder dans le rétroviseur et de revenir sur l’évolution des comics MARVEL sur une période de plus ou moins 10 années.

 

Mais que s’est-il passé ces 10 dernières années ?

Il s’en est passé des choses dans l’univers MARVEL au cours de cette dernière décennie. Spider-Man remplacé par Dr Octopus, Thor devenu indigne de soulever Mjölnir, les X-Men du passé transportés dans le présent, Osborn à la tête du SHIELD, le multivers complètement détruit (rien que ça), Fatalis devenu le Dieu de tout et j’en passe. On n’aura pas eu le temps de s’ennuyer. Sans compter toute la vague de jeunes super-héros qui arriva en même temps ainsi qu’une plus grande diversité ethnique, sexuelle et religieuse. Le parfait exemple en est l’équipe Champions, des Avengers adolescents venant tous de milieux différents et parfois plus matures que leurs homologues adultes. MARVEL osa des choses, beaucoup de choses. Il y eu du très bon comme du très mauvais. Mais derrière cette volonté d’innover et de proposer du jamais vu une certaine redondance est apparue. Une feuille de route, une checklist que la Maison des Idées semble s’imposer.

 

L’arrivée en masse des events et autres crossovers

Il y a un peu plus de 10 ans arrivait le méga event Civil War. Si le concept d’event et de crossover était assez couramment utilisé jusqu’à cette époque, Civil War entraîna une multiplication de ces derniers. Provoquant lors de sa publication un véritable tremblement de terre dans la sphère des comics. Outre le concept de super héros se battant entre eux qui est ici poussé à son paroxysme, le récit était de qualité. Et chose peu courantes : beaucoup des ties-in l’étaient également. Malheureusement devant un tel succès, MARVEL usa la formule jusqu’à la corde dans le but de réitérer l’exploit. Avec plus ou moins (plutôt moins que plus) de succès. Secret Invasion, Fear Itself, Age Of Ultron, Infinity, Original Sin, Axis. Bref, le mot d’ordre était là : un event par année. À cela s’ajoute d’autres saga liées à des univers bien précis mais débordant quand même sur ses voisins à l’instar de Spider Island, par exemple. Mais aussi des périodes bien définies, comme Dark Reign ou Heroic Age. Tout était balisé et pensé en amont et imposer ce rythme n’est pas sans conséquence pour les auteurs de chaque séries qui doivent s’adapter et prendre en considération cet événement dans le parcours de leur personnage. Parfois cela coulait de source, comme Infinity et Secret Wars qui faisaient partie intégrante du travail de Jonathan Hickman sur les Avengers. Ou Dark Reign qui était le prolongement de Secret Invasion. À l’inverse, Fear Itself avait plombé pas mal de séries en imposant une atmosphère de peur mal amenée par un Matt Fraction en pleine panne d’inspiration. Le problème c’est qu’au bout de 10 ans le manque d’originalité commença à pointer le bout de son nez et le recyclage du type Civil War 2 ou Planet Hulk 2 se manifesta.

 

Le clash qui allait lancer la mode des events annuel. ©Marvel

 

Plus que de simples réunions entre super héros qui étaient à la base une friandise pour le lecteur, ces events sont devenu les pierres angulaires de l’univers MARVEL qui chercha dès lors à les rendre incontournables afin de mettre la firme sur le devant de la scène. Au grand dam des séries régulières qui doivent se plier à ce caprice. Cependant, devant un certain agacement de la part des lecteurs, MARVEL aurait décidé de ralentir la cadence. Espérons qu’ils tiennent parole et fassent redevenir ce qu’est censé être un event : quelque chose de relativement inattendu et d’assez « rare » pour pouvoir en apprécier la valeur. Mais à la vue des dernières actualités, ce n’est pas gagné.

 

Des morts, beaucoup de morts

L’un des leviers dont MARVEL usa afin de faire grimper les ventes, de provoquer le « buzz » et de bousculer son petit univers a été de tuer nombre de ses têtes d’affiche. Captain America, la Torche, Hulk, Wolverine, Spider-Man, tous morts et sacrifiés sur l’autel de l’audience. Le problème avec ces morts est qu’il est évident qu’ils ne vont pas le rester. La raison principale est bien entendu que ce sont des poules aux œufs d’or mais parfois la grogne des lecteurs poussent aussi l’éditeur à faire revenir un héros. Et par peur d’une chute des ventes ce dernier cédera. Cependant la mort d’un personnage peut bien entendu faire partie du processus créatif d’un auteur. Mais là encore celui-ci peut se faire rattraper par la machine éditorial qui lui imposera la dite mort à un moment précis (à l’instar de Ed Brubaker qui voulait faire revenir Steve Rogers à la fin de son run mais qui a été contrait de provoquer son retour parmi les vivants beaucoup plus tôt).

Finalement, autant de morts et si souvent a pour conséquence d’annuler l’effet dramatique recherché dans l’histoire, d’émousser quelque chose qui est censé choquer le lecteur et d’induire une certaine passivité chez le public à la lecture de ce non-événement. On considère ça comme un congé pour longue maladie, tout au plus,  mais nous ne sommes pas dupes. Ça reste amusant d’entendre des journalistes annoncer la mort prochaine de Wolverine à la TV, de voir l’air surpris du public, mais vous qui lisez cet article vous êtes un vrai, et vous savez !

 

L’influence du MCU sur le papier

Avec l’arrivée de Iron Man sur le grand écran en 2008 ces 10 dernières années ont propulsé le genre super héroïque sur le devant de la scène. Qui aurait pu imaginer qu’un jour dire « Je s’appel Groot » à une soirée aurait fait marrer tout le monde ? Un tel succès a bien évidemment éclaboussé l’univers des comics papier. Ça a commencé tout doucement et subtilement avec par exemple le casque de l’armure de Iron Man qui prenait les mêmes traits que celui du film. Puis MARVEL s’est dit que ce serait bien d’attirer de nouveaux lecteurs grâce aux films. Et là, c’est le drame. Comme conséquence à cela une multitude de relaunch, nouveaux numéros 1 censés être un point de départ idéal pour un nouvel arrivant (alors que généralement ce n’est pas le cas). Une certaine frilosité s’est emparée de la maison d’édition qui n’ose plus provoquer de trop grands bouleversements dans la vie de ses héros. Ou alors si mais on remet tout à zéro à un moment ou à un autre. Bien en entendu le MCU n’est pas toujours le seul responsable, comme pour l’annulation pure et simple du mariage de Peter Parker ainsi que du fait que tout le monde connaissait l’identité de Spider-Man. Joe Quesada avait pris cette décision car il détestait cette idée, ainsi que tout ce que J. Michael Straczynski avait développé sur Spidey. Alors que personnellement j’ai toujours considéré cette période comme l’une des meilleurs concernant le tisseur.Ou encore, on remplace les anciens héros par des versions plus jeunes.

 

Marvel Studios

 

Si, dans la grande majorité des cas, un fan de comics va bien évidemment aller au cinéma afin d’y voir les films découlant de sa passion, l’inverse n’est pas vrai. Du jour au lendemain, tout le monde ne va pas se mettre aux comics après avoir vu Avengers. Vous imaginez le bordel si tout le monde avait voulu partir en guerre après avoir vu « Il faut sauver le soldat Ryan » ? Blague à part, MARVEL a parié là-dessus et s’est entêté plus que de raison dans cette direction, quitte à perdre en route de vieux et fidèles lecteurs dans cette logique absurde. Pire. Leur guerre portant sur les droits de détention des X-Men et des Fantastic 4 au cinéma avec la Fox a provoqué la mort de ces deux titres. La qualité des titres X-Men est en berne depuis plusieurs années, et ce qui était autrefois le porte étendard de MARVEL est mis de côté et aucun effort n’est fait pour redorer leur réputation. Il y a bien eu quelques tentatives comme Wolverine et les X-Men. Personnellement j’avais aimé le début de cette série mais elle n’a pas su maintenir le niveau et s’est essoufflée vers la fin. Et les Fantastic 4 ? Disparu. Même si au moment où j’écris ces lignes ils sont  en train de faire leur retour avec Dan Slott aux manettes…mais entre temps la situation vis-à-vis de la Fox avait également évolué avec leur rachat par Disney.

Si le MCU et MARVEL/Disney peuvent parfois être une entrave à la créativité et à l’évolution des comics papier il faut avouer que grâce à eux certaines séries et personnages ont fait leur retour chez les libraires. Doctor Strange a vu sa série relancée avec Jason Aaron et Chris Bachalo aux commandes, série qui avait été arrêtée en 1996 ! Black Panther et Ant-Man ont vu leur popularité grandir et même Vision a eu droit a une excellente mini série signée Tom King. Nous avons même eu droit à la mise en place d’un régime fasciste avec à sa tête un Captain America converti en Captain Hydra et à la solde des idées Nazies.

 

Le cas Deadpool

Il lui fallait bien un paragraphe pour lui tout seul ! Deadpool est très représentatif de l’impact qu’a le film sur les comics. Le mercenaire avait une place particulière dans le cœur de ses fans et en France il passait relativement inaperçu dans les publications Panini. Mais quand le film est apparu, c’est littéralement le monde entier qui se proclama fan inconditionnel du personnage. Les titres et team up ce sont multipliés à un niveau démentiel. Malheureusement, la qualité ne suit pas toujours. Par contre l’overdose, elle, est bien présente. Au détriment d’autres personnages qui sont délaissés. Deadpool mérite-t-il tout ce succès ? Selon moi non. Du moins, pas tout à fait. J’aime les films et les comics Deadpool mais il y a eu une escalade médiatique assez incompréhensible et disproportionnée vis-à-vis de ce personnage. Encore une fois la machine s’est emballée et MARVEL a pressé le citron jusqu’au bout.

 

On retient quoi ?

Cette dernière décennie aura marqué un tournant dans l’histoire de MARVEL. Les comics ont eu leur lot de bonnes et de mauvaises histoires mais les films du MCU ont indéniablement une forte emprise sur ce média. MARVEL s’est enfermé sur un chemin balisé bourré d’events avec des personnages qui voient leur évolution bloquée par une image qu’il faut sauvegarder aux yeux du grand publique. Le but étant de ratisser large en espérant gagner de nouveaux lecteurs au risque d’en perdre quelques anciens en chemin. Mais parfois MARVEL se réveil et ose bouleverser brusquement son univers avec pour exemple l’event Secret Empire et toute sa réflexion sur le totalitarisme et le maintient du pouvoir en place par la peur. À côté de cela nous avons eu aussi d’excellentes séries secondaires comme la série The Superior Foes of Spider-Man scénarisée par Nick Spencer et qui est un véritable délice d’humour et de dialogues aux petits oignons. Ou encore la série Amazing Spider-Man : Renew Your Vows qui voyait Spider-Man et Mary Jane mariés et parents d’une petite fille dans un univers parallèle.

 

Et ce Fresh Start ?

J’ai eu l’occasion de lire quelques séries et c’est de très bon augure. Sur The Amazing Spider-Man le duo Nick Spencer/Ryan Ottley fonctionne à merveille tandis que Donny Cates et Ryan Stegman revisitent d’une formidable manière le mythe des symbiotes dans la série Venom. Les Avengers ne sont pas en reste avec un Jason Aaron très motivé accompagné par Ed McGuinness aux dessins. L’avenir s’ouvre donc pour le moment sur une bonne note et nous nous ferons un plaisir de suivre tout cela à vos côtés pour les 10 prochaines années !! 😉

 

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