Criminal Intégrale 3

L’amour du polar et du comics

Criminal Intégrale 3 marque un tournant pour la saga Criminal ainsi que pour Sean Phillips et Ed Brubaker. Cette intégrale fait place à des portraits intimistes plutôt qu’à des grands récits dans le genre polar. De plus, le duo décide de s’affranchir du format classique des comics.

Savage Sword et Deadly Hands

« Savage Sword » s’intéresse à Teeg Lawless lors d’un passage en prison. Ed Brubaker plonge brillamment dans l’esprit de ce personnage à la fois dérangé et brisé par la guerre du Vietnam. Le récit est entrecoupé de pages de Savage Sword, un comics fortement inspiré par Conan. Le parallèle entre la vie de Teeg et de Zangar, le simili Conan, est plus que réussi.

Sean Phillips sort le grand jeu aux dessins. Il varie beaucoup les compositions de planches. Il s’amuse avec les pages en noir & blanc de Savage Sword, mais aussi lors d’une séquence sous acide.

Brubaker et Phillips s’amusent en imitant du Conan.

« Deadly Hands » réutilise le procédé du comics dans le comics. Cette fois, l’inspiration provient d’Iron Fist. Tracy Lawless, alors gamin, est embarqué en road trip par son père. A l’instar du lecteur par la plume de Brubaker. Le jeune homme est perverti par Teeg, ainsi que laisser à l’abandon. Le comics est un moyen d’évasion et de se faire une amie.

Sean Phillips propose une nouvelle excellente prestation. Sur ces deux histoires, les couleurs sont assurées par Elizabeth Breitweiser. Elle a collaboré avec le duo sur Kill or be Killed. Le choix des couleurs tend vers le réalisme, au contraire des intégrales précédentes.

Mes héros ont toujours été des junkies

Le graphic novel « Mes héros ont toujours été des junkies » marque un grand changement pour Brubaker et Phillips. Le duo s’affranchit totalement du découpage/chapitrage classique des comics. L’ambiance est également différente. Le lecteur suit Ellie lors d’un passage dans un centre de cure de désintoxication. Le ton est moins au polar, Brubaker propose le portrait intimiste d’une jeune femme fortement influencée par des artistes drogués. Il y a bien évidemment un lien avec l’univers de Criminal.

Sean Phillips effectue encore un travail impeccable. Les couleurs sont désormais assurées par son fils, Jacob. La différence est notable. Jacob Phillips utilise des couleurs vives, criardes. Cela donne un côté presque expressionniste.

L’arrivée de Jacob Phillips marque un grand changement aux couleurs.

Sale Weekend

Cette histoire est un nouvel hommage aux comics. Jacob Kurtz (déjà apparu précédemment) doit accompagner Hal Crane, un ancien dessinateur de comics acariâtre lors d’une convention. A travers Hal Crane, Brubaker montre le mauvais traitement de certains auteurs de comics dans un récit passionnant. La meilleure histoire d’un album pétri de qualité.

Le dessin de Sean Phillips est à nouveau irréprochable. Jacob Phillips choisit des couleurs pastels pour les flashbacks, et des couleurs plus sombres pour le présent. C’est une belle réussite artistique.

Hal Crane est un sacré personnage.

Vol de nuit et Orphelins

« Vol de nuit » est un récit qui montre à quel point Ricky Lawless voue un culte à son père. L’histoire change ensuite de protagoniste pour montrer un Teeg Lawless sous toutes ses facettes. Père violent, homme galant, ainsi que voleur en déclin. Ce récit est présent dans l’album Un été cruel où il fonctionne bien comme prologue. Dans Criminal Intégrale 3, seul, le récit n’est qu’une petite pierre à l’édifice Criminal.

Enfin, « Orphelins » est un récit consacré à Ricky. Le lecteur découvre véritablement ce personnage important de la saga. Il veut bien faire, mais il manque un peu de jugeote. Cette courte histoire est intéressante, et seulement publiée dans cette intégrale.

Criminal Intégrale 3 est une fois de plus une réussite pour le duo Brubaker/Phillips. La transition vers des portraits intimistes plutôt que du polar est réussie. L’ajout de Jacob Phillips apporte également un renouveau bienvenu.

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