Mind MGMT Tome 1

Management mental

Aujourd’hui, on s’attelle à la critique de Mind MGMT. Comics de Matt Kindt (interviewé ici) entièrement scénarisé et dessiné par lui, publié par Monsieur Toussaint Louverture, en France. L’éditeur publie des récits iconoclastes dont le Fauve d’Or 2019 : Moi, ce que j’aime, c’est les Monstres. Son contenu mystérieux et sa forme impliquant un récit d’espionnage nous plonge de suite dans une ambiance paranoïaque.

On y suit une jeune autrice qui commence une enquête sur une amnésie collective. Au fur et à mesure de son investigation, elle va découvrir une organisation et devoir apprendre à faire confiance ou non aux autres.

Un rythme très maîtrisé

Difficile d’en dire plus sans partir rapidement dans le spoiler. L’intrigue concoctée par Matt Kindt est nimbée de mystères, de twists et rebondissements très efficaces. C’est d’ailleurs ce que je retiens le plus aisément après ma lecture : la science du rythme.

En effet, l’auteur parvient à nous accrocher très facilement et à nous plonger dans une histoire agréable à suivre, sans être révolutionnaire. Ce qui frappe, c’est plutôt les compositions de pages, très cinématographique, avec, à un moment, une utilisation des bords très intelligente. Une double-histoire se construit, donnant un aspect méta à l’intrigue.

Les dessins, sans êtres beaux, sont sympathiques. Mais, de la même façon que chez Jeff Lemire, j’ai des gros soucis avec le côté grossier des personnages. Ils sont simples, avec quelques coups de crayons et dégagent chez moi, peu d’émotions. C’est dommage car le découpage est très bon, avec un côté cinématographique très prononcé. Les travelling se succèdent (parfois, un peu trop), donnant là encore un rythme très frénétique à l’ensemble.

Mais

Le problème est qu’arrivé au bout de ma lecture de Mind MGMT, j’étais un peu sur ma faim. Clairement découpé en deux parties, le récit a du mal à rebondir dans la deuxième. Sachant qu’il y en a encore quatre derrière, je me demande comment l’intrigue va parvenir à rester aussi rythmée tout du long. Surtout que la série trimballe avec elle une certaine hype. Elle est plutôt confidentielle mais très appréciée des fans de Matt Kindt. Je pensais me retrouver face à un récit plus tordu et réflexif que ce que j’ai eu. En l’état, c’est un très bon récit d’action/espionnage mais il n’y aura pas de quoi se faire péter le cerveau.

C’est intelligent, sophistiqué et élégant mais il me manque un je-ne-sais-quoi en plus. D’autant que de tels récits ont déjà été proposé sous d’autres formes, en jeu vidéo, en séries TV ou au cinéma. Toutefois, il faut noter la qualité de l’édition, avec une belle couverture et un grand respect pour le matériau d’origine avec une très bonne traduction.

Bref, la critique de Mind MGMT  n’est pas évidente. Le comics est très bon mais il ne m’a pas mis une claque. C’est un très bon récit, bien construit et avec une super science du rythme mais où il me manque quelque chose pour le positionner plus haut.

Ils ont kiffé :