Derrière la porte
Point(s) fort(s) :
La tension dans le dessin.
Point(s) faible(s) :
Derrière la porte, un récit indépendant de James Tynion IV. Face à leur jeune garçon pris d’atroces cauchemars impliquant un monstre sortant du placard de sa chambre, un couple décide de déménager. Le père et le fils se lancent dans un road-trip, involontairement introspectif.
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Editeur : Urban Comics
Quand la peur ne vient pas d’où on l’attend
On ne devrait jamais juger un livre à sa couverture. Et pourtant, quand celle de Derrière la porte promet des ténèbres rampantes, des secrets inavouables et le retour du Tynion horrifique de Something is Killing the Children, difficile de ne pas s’attendre à une descente en enfer. Ce qu’on trouve à la place, c’est un miroir. Un miroir dans lequel le monstre, c’est parfois l’amour, la routine, la peur de rater sa vie de parent. Et c’est peut-être ça, finalement, le plus flippant.
Derrière la porte est proposé en VF par les éditions Urban Comics au prix de 20.50€ pour 104 pages grand format.
Ce qui se cache derrière les apparences
Dans Derrière la porte, James Tynion IV continue de creuser son obsession : ce qu’on cache derrière les façades — celles des maisons, des couples, des visages. L’horreur, ici, n’est pas une créature tapie dans l’ombre, mais la lente corrosion du lien, cette façon qu’a la normalité de se fissurer dès qu’on cesse d’y croire. Et moi, lecteur, j’ai senti quelque chose vibrer. Parce qu’au fond, ce malaise là, on le connaît tous : celui de se demander si « avoir une vie » veut encore dire « être heureux ».
Le choc de la parentalité
Là où Tynion brille, c’est dans cette intelligence du propos : il met à nu la fragilité de la parentalité moderne, les micro-trahisons du quotidien, la peur de se perdre soi-même dans le rôle qu’on doit jouer. C’est brillant, parfois bouleversant. Mais, soyons honnêtes : si j’étais venu pour être bousculé émotionnellement, j’en ressors touché ; si j’étais venu pour être terrifié, j’en ressors un peu frustré. Derrière la porte n’ouvre pas sur les abysses — elle entrouvre le réel, et c’est tout aussi intéressant, mais moins viscéral que ce que la couverture promettait.
Un dessin plein de tension
Graphiquement, Gavin Fullerton, fait un travail d’orfèvre dans Derrière la porte. Son trait organique et ses couleurs désaturées suintent la tension, même quand rien ne se passe. On croit sentir le silence, on devine la fatigue dans les visages. C’est cette sobriété graphique qui fait que l’horreur affleure sans jamais s’imposer — comme un cauchemar qu’on refoule.
Bref, Derrière la porte est une petite déception : je voulais des cris, j’ai eu des murmures. Mais des murmures écrits avec une lucidité désarmante. Derrière la porte, c’est une histoire qui ne hurle pas sa terreur, elle la suggère — et parfois, ça suffit à te coller la chair de poule sans que tu saches pourquoi. Et ça, mine de rien, c’est très, très fort.
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Cet article a été rédigé à partir de l’envoi gracieux d’un exemplaire par l’éditeur à notre rédacteur.
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