Drome
Point(s) fort(s) :
Le travail des couleurs.
Point(s) faible(s) :
Drome, une expérience contemplative et intense : chaque case devient un symbole, chaque séquence une métaphore. Le lecteur n’est pas guidé par les mots, mais invité à se laisser porter par la puissance visuelle, à combler les vides par son imagination. Drome n’impose pas une seule lecture, il en ouvre une multitude.
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Editeur : 404 Comics
Du nougat!
Quand on ouvre Drome, la première sensation, c’est celle d’un vide originel. Pas un vide froid, mais un vide dense, saturé de potentialité. Jesse Lonergan ne commence pas par les mots : il commence par les images, par l’espace.
Drome un ouvrage de 336 pages, proposé au prix de 29.90€ par 404 éditions.
Une narration visuelle souveraine
Très vite, Drome impose sa loi : peu de dialogues, presque pas de texte, et pourtant, l’histoire est claire, palpitante. Le dessin fait tout. Chaque case, chaque plan, chaque juxtaposition devient porteur de sens. On ressent la naissance de la vie, le chaos primordial, les luttes pour l’ordre — tout cela sans que l’auteur ait besoin d’expliquer, de nommer, ou même de légender. Le récit avance par mutation d’images, par tension des formes, ou par rupture dans le rythme d’une page à l’autre.
Le souffle mythique
Drome joue avec les grandes origines : ce néant, l’émergence d’une demi-déesse, les champions de l’ordre, le chaos toujours en embuscade. C’est un récit à l’échelle du mythe, rendu possible non par une surcharge de texte, mais par l’économie — retenue — dans le trait, dans la mise en page. Cela donne une dimension ritualisée, presque liturgique : on assiste à des symboles qui s’élèvent, qui se répondent, qui s’affrontent.
Un découpage audacieux
Lonergan avait lui-même dit dans une interview que « les cases, leur enchaînement et leur juxtaposition sont au cœur de la bande dessinée ».
Dans Drome, cela se voit, se sent : les transitions entre les scènes, les silences entre deux images, les formes qui se déploient dans des compositions auto-suffisantes. Rien n’est gratuit. Ce qui pourrait être décoratif est toujours au service du récit, de l’atmosphère, de la tension.
Un défi pour le lecteur
Le peu de texte, cette abstraction, ce silence narratif demandent un effort. On n’entre pas dans Drome comme dans un album classique. Il faut accepter de se perdre, de contempler, de laisser le ressenti prendre le pas sur la compréhension rationnelle. Ceux qui aiment savoir tout immédiatement, avoir des explications claires et dialoguées, pourront rester en marge.
Lassitude visuelle ?
Sur 328 pages, maintenir la puissance d’idée, la variation dans les formes, la dynamique, est un pari élevé. Par moments, certaines planches ou séquences semblent s’étirer — dirai-je que l’effet s’amenuise, que certaines rythmiques se ressemblent trop. Mais ce sont des moments rares comparés à l’ensemble.
Drome est une œuvre ambitieuse, un manifeste du pouvoir du dessin quand il est au centre du récit. Jesse Lonergan ne cherche pas à raconter une histoire comme on la raconte ordinairement : il cherche à la faire naître, à la laisser émerger. Drome impose un rythme, une atmosphère, un souffle. Pour celui qui est prêt à entrer dans cet espace entre les cases, à accepter le silence comme force, c’est un des albums majeurs de l’année — de ceux qu’on relit, qu’on laisse infuser.
Ils ont kiffé :
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Cet article a été rédigé à partir de l’envoi gracieux d’un exemplaire par l’éditeur à notre rédacteur.
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