Spectateurs
Point(s) fort(s) :
Un pitch WTF pour une histoire franchement originale.
Point(s) faible(s) :
Spectateurs parle de notre monde saturé d’écrans, de flux et de simulacres. Un monde où le sexe est honteux mais la violence est chic, où la nudité choque plus qu’une décapitation en 4K. Une oeuvre de Brian K. Vaughan sans discours moralisateur, qui nous propose une réflexion sur notre rapport au monde.
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Editeur : Urban Comics
Esprits critiques
Il y a des livres qui vous épient pendant que vous les lisez. Spectateurs fait partie de ceux-là. On y entre en pensant feuilleter une énième méditation sur l’image et la société du spectacle, et on en ressort avec la désagréable impression que c’est notre propre regard qui vient d’être disséqué.
Imaginez qu’après votre mort vous ayez le choix de rester sur Terre, juste pour observer les vivants. Spectateurs nous propose de suivre deux fantômes qui, alors que la fin du monde est imminente, se mettent dans la quête voyeuriste d’assister à un plan à 3 (oui on parle de sexe).
Spectateurs est proposé en VF par les éditions Urban Comics en grand format, au prix de 36 euros pour 344 pages.
Viens voir le docteur
Vaughan ne raconte pas, il ausculte. Il se sert du médium comme d’un scalpel, tranchant les chairs molles de notre hypocrisie collective : la sexualité, toujours reléguée à la honte, au secret, au pixel flou ; et la violence, elle, célébrée, consommée, diffusée en prime time. Ce déséquilibre, l’auteur ne l’explique pas — il le met en scène, il le laisse nous éclater au visage. C’est un livre qui te dit : « tu veux du vrai ? alors regarde-toi regarder. »
Vaughan, ni juge, ni bourreau
Mais Vaughan n’est pas un moraliste — il n’accuse pas, il expose. C’est peut-être ce qui rend la lecture aussi dérangeante : on ne peut pas s’en tirer en se disant « les autres sont comme ça ». Non, Spectateurs nous ramène à ce que nous sommes tous devenus : des voyeurs civilisés.
Henrichon rime avec…
Sur le plan graphique, c’est un choc tranquille. La mise en page oscille entre précision clinique et lâcher-prise poétique, comme si le dessin lui-même hésitait entre contrôle et abandon. Les couleurs, souvent froides, servent de contrepoint à une narration chaude, presque viscérale. On sent que tout est pensé pour créer une tension entre l’abstraction du regard et la matérialité du désir.
Pour un public averti, effectivement
Reste la question qui fâche : la pornographie explicite. Oui, elle est là, parfois insistante. Et oui, elle semble parfois superflue, comme si Vaughan doutait de la force de son propos et voulait forcer le trait. Mais même dans ces excès, il y a une cohérence : ce trop-plein d’images, c’est aussi celui du monde dans lequel on vit. On ne sait plus ce qui excite, choque, ou émeut — tout est mis sur le même plan.
Bref, Spectateurs n’est pas un livre sur le sexe ou la violence. C’est un livre sur le regard, sur la façon dont on l’a domestiqué jusqu’à le rendre aveugle. C’est une œuvre inconfortable, parfois brillante, parfois maladroite, mais toujours nécessaire. Une BD qui ne se contente pas d’être belle : elle veut te faire honte de ton confort visuel. Et rien que pour ça, elle mérite d’être lue.
Ils ont kiffé :
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Cet article a été rédigé à partir de l’envoi gracieux d’un exemplaire par l’éditeur à notre rédacteur.
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