Wonder Woman Harley Quinn : La souffrance et le don

La souffrance et le don

Huit ans après le Batman de Marini, voici une nouvelle collaboration transatlantique, entre Urban Comics et DC Comics. Une collaboration qui permet à des artistes européens de se plonger dans l’univers DC avec leurs regards et leurs propres codes. Dans La souffrance et le don, direction l’île de Themyscira, pour un récit en huis clos qui met les Amazones face à deux invitées surprises.

Souffrance : féminin

La souffrance et le don nous place très vite sur les sujets qu’il va aborder. D’un côté, une amazone est enceinte. De l’autre, Harley Quinn débarque sur l’île pour demander asile. Deux évènements normalement impossibles, notamment par l’imperméabilité de Themyscira. Deux évènements qui divisent : comment l’une d’elle a pu tomber enceinte et doit-elle conserver cet enfant ? Et se rajoute l’arrivée d’Harley, qui clame fuir le Joker et chercher la protection face à ses violences. Faut-il lui faire confiance ou la renvoyer sans se préoccuper des sévices qu’elle subit ?

La liberté de disposer de son corps et les violences conjugales. Deux sujets forts, deux sujets importants. J’attendais beaucoup de savoir comment l’auteur allait mener ces thèmes, voir ce qu’il pouvait proposer. Comment guider notre regard. Il profite également de ces deux évènements pour y adjoindre un pan sur les traditions et la modernité. Une opportunité d’aborder et offrir son interprétation des origines des Amazones de Themyscira et un peu le cas particulier de Wonder Woman.

Don : masculin (pour une femme, on dit : doña)

Les sujet se perdent petit à petit, jusqu’à ne plus réellement l’être sur la fin du récit. J’ai eu l’impression que l’auteur n’en savait pas plus. Dans un sens, c’est peut-être mieux de ne pas risquer d’aller trop loin dans une interprétation trop « masculine » des ressentis qu’il ne connaît pas. Mais cela laisse un goût d’inachevé. Aussi le récit perd alors d’un message qu’on a pu lui interpréter en début de lecture. C’est peut-être là que des personnages masculins auraient eu une importance, plus forte qu’une transformation en porcs de lambda sortis de nul part. Ils ne sont pas confrontés, et on oublie presque leurs responsabilités et donc culpabilités dans l’histoire.

Pire, j’ai envie de dire, la fin vient apporter une problématique, bien qu’actuelle, qui n’a complètement rien à voir. Ça a alors fini de me perdre dans ma lecture. Ce pêle-mêle m’a juste donné le sentiment de vouloir braquer l’attention ailleurs faute de pouvoir avancer plus sur des sujets mal connus.

Un dernier mot quand même, pour les dessins. Miki Montiló nous porte dans l’histoire, et ça m’a gardé dans le récit. Ses planches sont détaillées, et donnent le rythme du récit, entre action et introspection. C’est d’ailleurs pour moi le plus intéressant sur la fin du titre.

Ce Wonder Woman Harley Quinn : La souffrance et le don est un titre qui m’a laissé perplexe. J’ai trouvé son démarrage intéressant, avec des thématiques prometteuses. Mais il se perd dans ce monde de femmes qu’il n’arrive pas à complètement appréhender. Il manque à mon avis un regard féminin sur un scénario qui semble ne pas pouvoir aller au bout des sujets choisis.

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Note : cet article a fait l’objet d’un envoi du volume de la part de Urban Comics que nous remercions.