Marvel et les comics Star Wars. L’avis de Ginlange
May the fourth be with you ! En cette journée fabuleuse, nos pensées sont en noir et jaune, on a envie de faire un gros câlin à notre papa et de retrouver son ours en peluche pour lui faire la peau. Missa a donc eu envie de faire à tissa un petit récap de ce nouvel univers des comics étoilés qui nous accompagnent depuis trois ans, à tort ou à raison ?
4,05 milliards de dollars. C’est pour ce prix qu’en 2012, Disney racheta Lucasfilm pour asseoir son empire dans toutes les galaxies, même les plus lointaines. Le géant américain ne cachant pas son désir de faire revivre la saga sur grand écran, et cela pour les dizaines (centaines ?) d’années à venir. Ce qu’ils commenceront en 2015 avec l’épisode VII, Le réveil du fric… euh de la force ! Mais Disney ayant le contrôle d’une franchise hors norme, il tâcha aussi de reprendre les rennes sur les jouets, les romans, les couettes et coussins, et bien sûr, les comics Star Wars ! Pour repartir sur des bases saines, la décision fut donc prise de classer tout récit déjà paru avant le rachat dans l’univers « Légendes », les éloignant du nouvel univers, l’officiel, le canon, l’Univers étendu. Ainsi, des dessins animés avec Star Wars Rebel au cinéma, en passant par les romans et comics : chaque action avait une répercussion sur un univers partagé complexe et cohérent.
Certains criant au blasphème par le sacrifice de récits cultes, d’autres étant enthousiasmés par l’audace de Disney de tout reprendre et relancer « la machine ». Qui d’autre était mieux placé pour cela que l’usine à rêves d’Hollywood ? Du coté de nos chers comics donc, Marvel appartenant à la firme aux grandes oreilles devint l’éditeur du nouvel univers canon en 2015. Concours de circonstances, Panini Comics éditant nos héros préférés en France se retrouva avec une nouvelle tâche : éditer les nouveautés d’une saga culte. Alors que l’univers « Légendes » reste dans les mains de Delcourt, Panini se frotte les siennes d’avoir acquéri un nouveau joujou à abimer.
Trois ans plus tard quel bilan pour cette relance par Dis-vel ?
Marvel a pensé ce nouvel univers comme le plus accessible possible pour les nouveaux lecteurs. Excluant les anciens récits, il était alors plus facile de s’inspirer uniquement des films pour ne perdre personne. Les publications ont donc également été pensées dans ce sens. Tout d’abord deux grandes séries régulières : Star Wars et Darth Vader. Toutes deux se déroulant chronologiquement entre l’épisode IV Un nouvel espoir et V L’empire contre-attaque. Les débuts de la rébellion, entre sacre et attaque glaciale. Espace de liberté à combler. Mais une autre série régulière accompagne celles-ci : Poe Dameron. Personnage venant de la nouvelle trilogie, sous les trais d’Oscar Isaac. L’avant-Réveil de la force pour mieux saisir le nouvel univers cinématographique et un personnage aimant se la jouer (solo). Tout cela saupoudré de mini-séries prenant le nom d’un personnage culte : Princesse Leia, Lando, Kanan, Greedo,… Ah non, pas lui !
Sur le papier, une offre formidable et diversifiée complétant l’univers du space-opera avec panache et originalité ! La réalité est plus complexe. L’univers Star Wars est sacré, c’est la saga de science fiction la plus adulée, la plus suivie, la plus universelle. Chacun a SON Star Wars, chacun connait cette saga et a vécu le premier spoil que chaque enfant connaîtra. Les films, et surtout la première trilogie, bénéficient d’une aura immense, planétaire. Et Disney relançant l’univers cinématographique de celui-ci voulait toucher le plus de monde possible. Ce n’est pas avec les comics, aspect minoritaire de l’univers étendu, public de niche que l’on peut faire avancer un univers aussi « important ». Seuls les films peuvent se permettre les révélations, les intrigues essentielles. Cela allié au caractère presque sacré et intouchable de la saga la plus connue de tout les temps, le respect du matériel d’origine est primordial.
La marge de manœuvre est donc considérablement réduite, et les prises de risques forcément presque inexistantes. Le public des comics Star Wars étant pourtant sûrement les plus fans de cet univers, ne peuvent le voir décoller dans les pages de ceux-ci. La saga étant pensée en premier lieu au cinéma, l’univers étendu n’apportant au tout que peu de plus-value. Etant plus divertissant que valorisant. De plus, même dans les œuvres cinématographiques de la saga (à part le culotté épisode VIII Les derniers Jedi) Disney n’entend pas régner par originalité mais plutôt par respect pantouflard un brin nostalgique. Et quand un réalisateur tente d’innover, le public criant au meurtre, le studio ne changera pas aussitôt de tactique !
Mais malgré son manque crucial de prises de risque et sa marge de manœuvre plus que limitée, les comics Star Wars ont, par quelques fulgurances, réussi à se démarquer. Dans les séries régulières, on peut souligner la plus grande réussite de toutes, Darth Vader par Kieron Gillen. Le petit défaut à relever ? Un Larroca au trait pas toujours soigné. Mais ça sera bien le seul. Jouant habilement du cadre imposé, s’inspirant autant de la trilogie originelle que de la prélogie (chose assez rare pour être soulignée) le scénariste a réussi en 25 issues à créer une œuvre incroyablement cohérente dans sa globalité et dans l’univers étendu en général, aussi intelligente que passionnante, celui-ci est également l’un des rares à créer de nouveaux personnages, prenant de grandes libertés tout en respectant le matériel d’origine (oui c’est possible).
Triple Zéro et BT deux droïdes psychopathe et Aphra personnage féminin au destin cathartique tellement réussi qu’elle aura le droit une série régulière remplaçant Darth Vader à sa conclusion. Et c’est encore une fois un mélange unique, risqué et prenant. Aphra c’est Indiana Jones dans l’espace, dans une version plus actuelle et complexe du personnage. Gillen est surement la meilleure chose qui soit arrivé à l’Univers étendu, reprenant il y a peu la série régulière Star Wars, il tâche d’imposer son talent dans une série qui, sous le joug d’Aaron peinait à innover. Jusque là, le titre porte étendard enchainait les arcs sans réelle cohérence, jouant sur différents thèmes il est vrai, mais en partant dans tous les sens. Quitte à perdre le lecteur dans des récits aussi inégaux que terriblement anecdotiques. La troisième série régulière, ne faisant poe le boulot non plus (désolé). Dameron, même si illustré par Phil Noto et donc, bénéficiant d’un certain charme graphique, ne profite pas du nouvel univers de la saga, de ses nouveaux personnages et statu quo offrant de nombreuses possibilités. Zéro prise de risque, la série décolle difficilement à partir du troisième tome. Beaucoup d’action, peu d’approfondissement de l’univers, mais un gâchis en bonne voie de se terminer, à voir par la suite…
Dans les mini-séries quelques unes ont également réussi à se démarquer, et pas toujours pour les mêmes raisons. Han Solo de Marjorie Liu et Mark Brooks se distingue par son graphisme irréprochable et un récit complet classique mais terriblement efficace. Avec une formidable caractérisation des personnages, un rythme sans faille, voilà une réussite d’une simplicité extrême, comme on en voit peu. Et une deuxième série courte possédant également un charme fou, la seule en deux tomes, Kanan Le dernier padawan. Sonnant comme un prequel au dessin animé Star Wars Rebels, la vision de celui-ci n’est toutefois pas indispensable pour savourer un titre prenant place dans une période que l’on connait peu (L’ordre 66 qui décimait tous les Jedi) dressant le portrait d’un personnage fascinant dans un récit initiatique écrit par le scénariste Greg Weisman venant du dessin animé assurant une cohérence à toutes épreuves et dessiné d’une main de maitre par le dynamique Pepe Larraz. Les autres récits complets ne brillent que par leur prévisibilité, un manque d’originalité et de rythme frôlant parfois la médiocrité. Charles Soule réussi tout de même un résultat honorable sur Lando, avec une histoire légère mais agréable présentant un personnage surprenant qui nous plait de découvrir sous un jour nouveau. Exploit qu’il ne réitère malheureusement pas avec la dernière série régulière Darth Vader en date, la voulant badass au possible, elle en devient parfois terriblement vide. Même si je salue l’introduction de nouveaux concepts et apports dans la mythologie.
Un univers étendu sans prises de risque pour des comics que l’on oublie vite, faute d’un réel intérêt, de vrais enjeux. Marge de manœuvre très basse et ambition assez pauvre sont pourtant heureusement contrebalancées par quelques perles se dégageant ici et là. Des mini-séries osant se différencier de la masse et la bonne volonté d’un célèbre scénariste anglais répondant au nom de Gillen, officiant maintenant sur deux séries régulières : Aphra et Star Wars. Après avoir fini son petit bijou Darth Vader, il nous promet de belles choses pour un avenir peut d’être plus radieux, éclairé par deux soleils et un nouvel espoir.
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