Posté 31 juillet 2019 par dans la catégorie Interviews
 
 

Sourya à la Japan Expo : Partie 2

Voici donc la deuxième et dernière partie de l’interview du passionnant Sourya, bonne lecture !

Retrouvez la première partie ici !

LesComics.fr : Dans ton parcours tu as également au début touché à l’animation. Aurais-tu envie d’en refaire éventuellement, ou est-ce derrière toi ?

Sourya : J’aime beaucoup l’animation, quand j’ai fait mes études c’était vraiment passionnant, j’ai adoré voir les mouvements, faire des petits films. Quand j’ai fait mon stage après l’école j’ai travaillé sur « Le monde de paille ». La qualité était bien mais ce n’était pas ça que je recherchais, ce qui me plaisait le plus c’était de dessiner, faire du dessin traditionnel. Et surtout plus proche de mes sensibilités en termes de créativité. Du coup, j’ai arrêté après mon stage sinon je savais que je n’allais jamais partir (rire) je suis un peu comme ça, rester là où je suis et j’avais peur de ça. Si je fais ça, je ne vais jamais réaliser mon rêve. Donc, après mon stage j’ai fais ma résidence d’artiste juste après, et c’est là que Florent Maudoux m’a appeler pour Rouge. Tout c’est bien emboîté et je ne regrette pas du tout. Parfois j’y pense encore à l’animation, j’ai encore le logiciel sur mon ordi (rire).  Parfois ça me démange…

 

En tant qu’auteur de manga français je suis content qu’il y en ai de plus en plus avec plusieurs éditeurs qui commencent à miser dessus.

 

Sur un tout autre sujet, je voulais parler avec toi des questions qui bouleversent le milieu de la bande dessinée actuellement. Entre le mouvement pour faire évoluer la rémunération des auteurs, on parle de plus en plus de surproduction. Où tu te situes, tu ressens quoi face à ça ?

Je suis d’accord qu’il y surement encore trop de surproduction, mais j’ai l’impression que cela va en s’améliorant. Moi, je fais plus partie de la production manga français donc je le ressens un peu moins quand même. Dans le sens où, au contraire, j’aimerai qu’il y en ai plus. Mais globalement c’est vrai qu’il y a une petit surproduction, je l’ai moins ressentie dernièrement car je vais moins en librairie, mais je suis d’accord qu’il faudrait peut être moins éditer mais mieux éditer, cela permettrait peut être d’avoir de meilleurs projets. Après en tant qu’auteur de manga français je suis content qu’il y en est de plus en plus avec plusieurs éditeurs qui commencent à miser dessus, je sais que Glénat notamment a mis le paquet dessus dernièrement.

 

Parmi les mangas français à part certains qui arrivent à se démarquer, je trouve tout de même qu’aujourd’hui il y a encore un manque d’originalité, le supplément d’âme pour faire vivre ses séries, qui ont du mal à se démarquer.

C’est vrai dans le manga français c’est surtout Lastman que j’adore mais je n’ai pas vraiment laissé une chance aux autres (rires) il faut que je lise plus ! Je passe à coté de pas mal de chose. Je lis plus de bd dernièrement. Je viens de lire La saga de Grimr de Jérémie Moreau, je ne sais pas si tu l’as lu ?

 

Non malheureusement…

C’est vraiment pas mal, j’aime beaucoup ce qu’il fait. Il avait sorti Max Winson également.

 

Que j’avais beaucoup aimé !

Oui c’était vraiment étonnant, une sorte de manga dans la dynamique, mais le graphisme est tellement différent, que tu te demande presque si on peut appeler ça un manga !

 

J’en parlais récemment encore avec mon libraire, de ces titres hybrides dans le fond comme dans la forme, comme Talli, Lastman, Max, où tu ne sais pas véritablement où les ranger. Dans les mangas, les comics, le franco belge ? Ils pourraient en fait être rangés dans toutes ses catégories. Et c’est véritablement la force de ses titres vraiment uniques.

Pour Talli, de mon coté, je le considère vraiment comme un manga, car j’ai vraiment des tics graphiques assez proches du manga. Mais si l’on met Lastman à coté, que j’adore, je le trouve bien moins influencé par le manga.

 

Pour en revenir à ton travail pour le Label 619, la première histoire que tu as signé pour Midnight Tales, Samsara, était vraiment très forte, avec un sujet d’une grande actualité. Es-ce un sujet qui te tenait à cœur ou Mathieu Bablet est venu vers toi avec ce sujet ?

C’est Mathieu Bablet qui est venu vers moi. Il a voyagé là bas, il a été sur place, quand il m’a contacté pour le projet il avait déjà tout préparé, même les références. Il avait déjà pris beaucoup de photos, mais j’en ai recherché d’autres de mon coté aussi pour me documenter. Mais, de base, il avait une idée très précise. Es-ce que ça lui tenait à cœur, il répondra sans doute mieux que moi, en tout cas il a été bien inspiré de son voyage. On peut faire confiance à Mathieu pour les histoires, il sait ce qu’il fait. En tout cas c’était une super collaboration et j’ai beaucoup aimé travailler sur ce projet. C’est passé très vite, et ça serait avec plaisir que je retravaillerai sur Midnight Tales.

 

J’ai des court-métrages qui m’ont touché dix minutes plus qu’un long métrage. Je pense que l’on peut atteindre ça  avec une histoire courte sur une trentaine de pages.

 

Tu avais également déjà travaillé sur Doggybags, le récit court et le travail en équipe, cela t’intéresse particulièrement ?

Oui, les récits courts, les one shot, c’est quelques chose de vraiment intéressant pour moi. Ce que j’aime bien c’est que tu as un début et une fin, contrairement à une série où il y a du stress, où tant que tu n’as pas fini, tu n’es jamais à l’aise. Ce que j’aime dans le format court, c’est qu’au début, tu peux te dire que c’est trop court, pour raconter une histoire, mais la vérité c’est que si tu travailles bien et que tu  te prêtes à l’exercice, tu peux raconter des trucs super en trente pages. C’est comme quand tu regardes un court métrage, moi j’ai des films qui m’ont touché dix minutes plus qu’un long métrage. Je pense que l’on peut atteindre ça  avec une histoire courte sur une trentaine de pages. C’est vrai que ce n’est pas facile, il faut tout calculer au millimètre près pour que tout se place bien comme il faut, que l’émotion passe pile au moment ou tu veux. Je pense que c’est un exercice beaucoup pus difficile qu’un récit au long court. Pour moi en tout cas. Peut être car j’ai moins l’habitude mais c’est un travail de précision, de calcul.

 

J’avais le projet en tête depuis longtemps mais quand tu es devant ta feuille blanche tu te rends compte que tu as plein de zones floues.

 

Pour Talli, ta série actuelle, tu es au scénario et au dessin. Quel est le plus dur pour toi ?

Là clairement, le scénario (rire). Le tome 1 a vraiment été dur à écrire, et pourtant je l’avais déjà en tête depuis des années. Et quand il a fallu m’y mettre pour de bon, ça a été difficile. J’avais le projet en tête depuis longtemps mais quand tu es devant ta feuille blanche, tu te rends compte que tu as plein de zones floues. J’avais des scènes fortes mais il manquait le liant, et plus encore je n’avais pas mes personnages encore. J’avais la plupart mais il m’en manquait. Comme par exemple, Alan n’était pas encore défini, Pavel était défini dans la personnalité mais il n’avait pas encore de chara design, Talli je l’avais déjà. Mais Alan je crois que c’était le pire. En fait j’ai une idée de lui à la base très différente de ce qu’il est devenu.

 

Pour terminer j’aurai aimé évoquer avec toi les sessions que tu fais régulièrement sur Twitch qui accompagnent ton travail sur Talli. Qu’est ce qui t’as motivé dans cette démarche ? Être plus proche des lecteurs ?

Je me demande pourquoi j’ai fait ça. A l‘origine je travaillais chez moi quand j’étais à Lyon, j’avais quitté l’atelier de Florent après avoir fini Rouge, et je pense que c’était dur de se motiver des fois. Quand t’es livré à toi-même s’autodiscipliner ce n’est pas évident, je pense. Alors que quand je stream, je suis obligé de rester, de travailler. Tu as le regard en plus de l’extérieur. Je suis plus focus du coup, je suis en contact avec les gens, un échange direct, un dialogue et je me laisse moins distraire. Je continue encore, même si je le fais moins en ce moment car j’ai fini Talli tome 2 et je suis sur la phase d’écriture, préprod du troisième tome. Et comme tu dis être plus proche des lecteurs c’est important, ça bouge beaucoup et il y une petite communauté qui se crée. Demain je fais un meet up avec mes viewers par exemple. Et pour faire un peu de pub pour le streaming, on a de plus en plus d’auteurs qui viennent, de plus en plus nombreux et c’est super agréable, ça m’a permis de rencontrer pas mal d’auteurs comme ça, de nouveaux contacts, de nouveaux potes. En tout cas j’aime beaucoup ça et je pense que le système de plateforme est vraiment un plus qui m’a beaucoup apporté.

 

Merci beaucoup de ce très enrichissant entretien Sourya !

Merci à toi !

Encore un grand merci à Sourya et à l’équipe d’Ankama pour leur gentillesse et leur disponibilité, en espérant que cette interview vous donne encore plus envie de vous précipiter sur le deuxième tome de Talli ! Review très prochainement sur LesComics.fr !

 

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Ginlange est un peu comme Bruce Wayne, mais en mieux. Aimant cinéma et comics, et parfois les comics au cinéma, il essaiera de partager au mieux ses coups de cœur et coups de gueule avec vous, pour votre plus grand plaisir. Ave Lynch.